[Interview] : « Le métier de comptable est très enrichissant »

Encore aujourd’hui, le secteur de la comptabilité reste victime de stéréotypes et de préjugés, dévalorisant la profession de comptable. Pourtant, cette activité est essentielle au monde des affaires, pour la vie d’une entreprise et sa bonne santé financière.
L’occasion pour Sophie Marquier, manager comptable dans le cabinet d’expertise comptable en ligne Ça Compte Pour Moi, de nous dévoiler la réalité du métier de comptable. Dans cette interview, retrouvez les défis et les opportunités qui émaillent le quotidien des comptables modernes.

L’interview de Sophie Marquier, manager comptable chez Ça Compte Pour Moi ?‍?

• On dit souvent que la comptabilité est vieillissante, est-ce vrai ?

Sophie Marquier : « C’est un triste constat. On sait qu’on renvoie une image vieillissante dans la société encore aujourd’hui. C’est vraiment aux acteurs de la comptabilité de mettre l’accent sur l’attractivité de notre profession de comptable. Il faut renvoyer une image en adéquation avec la réalité de notre métier et de nos missions passionnantes. 

Je pense qu’on souffre d’un manque de communication sur notre rôle auprès des dirigeants. Les comptables sont simplement vus à travers la saisie et les fonctions chronophages, alors qu’il y a une énorme part de relation client dans notre métier. L’établissement des comptes occupe toujours une place prépondérante dans notre quotidien. En revanche, nos missions de conseil se développent un peu plus chaque jour.

Le métier de comptable est un métier dynamique. Dans un cabinet d’expertise comptable en ligne, nous conservons un lien fort de proximité avec nos clients. Chez Ça Compte Pour Moi, nous tenons d’ailleurs à placer l’humain au cœur de la relation. C’est un mode de fonctionnement agile, qui facilite notre collaboration. »

• On pense aussi que le métier de comptable est stressant, c’est un cliché ?

Sophie Marquier : « On ne peut pas nier qu’il existe des périodes prenantes. Notre travail est rythmé par des échéances fiscales. Un comptable peut parfois être stressé car il doit boucler les comptes de ses clients avant une date butoir. 

Cependant, ce fonctionnement induit également des périodes plus creuses, notamment entre les mois de juin et de décembre. Ce laps de temps permet de souffler et de planifier ses actions. Pour moi, les clefs de ce métier restent l’organisation et la régularité. Ces méthodes de travail permettent d’être plus serein sur l’atteinte de ses objectifs lors des pics d’activité.

Personnellement, je n’avais pas ces aprioris, puisque j’aime les chiffres, j’aime cet univers. Je trouve même ça ludique. Bien entendu, chacun d’entre nous réalise des tâches parfois chronophages, notamment de saisie. Néanmoins, toutes les évolutions récentes ont changé la donne. »

• Quelles sont les évolutions que connaît le métier de comptable ?

Sophie Marquier : « La comptabilité s’est modernisée et digitalisée. Par exemple, nous utilisons de nouveaux logiciels, comprenant la technologie OCR (Reconnaissance Optique de Caractères - utilisée pour extraire automatiquement les données des factures). Ces outils diminuent considérablement le travail de saisie. Également, la facture électronique va impacter progressivement notre quotidien et les données collectées seront une source supplémentaire pour enrichir nos conseils. 

En parallèle, de nouvelles missions sont apparues. Encore ce matin, nous avons reçu une lettre de la profession concernant la mission de l'expert comptable dans la transition écologique des entreprises.

En parallèle, les conditions de travail ne sont plus les mêmes. Typiquement, chez Ça Compte Pour Moi, on dispose de deux à trois jours de télétravail par semaine, on bénéficie de flex-office, on peut participer à des missions associatives et des formations sont organisées lors des universités d’été. C’est un secteur qui a initié plusieurs changements, et qui est encore en pleine mutation. »

• En réalité, quel est le rôle d’un comptable ?

Sophie Marquier : « Un comptable aide les chefs d’entreprises et les indépendants à prendre des décisions opérationnelles et stratégiques. D’une part, on produit des états financiers, pour que les dirigeants soient en conformité avec la législation applicable. On organise aussi un point annuel pour aider le dirigeant à optimiser leur gestion financière. Chez Ça Compte Pour Moi, on insiste sur le fait de mettre à disposition des tableaux de bord, alimentés chaque jour, pour que les professionnels puissent piloter leur activité de façon proactive. 

Un comptable réalise aussi des missions exceptionnelles. Si un client veut racheter une société, le comptable réalise un diagnostic financier, pour le conforter dans sa décision de rachat de l’entreprise-cible. Il est même possible d’accompagner des créateurs d’entreprise, en les conseillant sur la forme juridique adaptée et le régime fiscal / social adaptés à leur activité professionnelle. 

Ce qui me motive tous les jours, c’est le fait de me sentir utile et d’apporter une valeur ajoutée au client. J’essaye d’aller jusqu’au bout des choses et de toujours trouver une solution aux problèmes. »

• À quoi ressemble la journée type d’un comptable ?

Sophie Marquier : « Si je dois décrire une de mes journées type chez Ça Compte Pour Moi, je commence mon travail vers 9h00, en traitant les mails les plus urgents de mes clients. Ensuite, j’enchaîne sur la supervision des dossiers de mes collaborateurs et j’échange avec eux. En parallèle, je réalise les bilans de mon propre portefeuille-client. Évidemment, on prend une pause repas à midi, avec des moments conviviaux entre collègues. L’après-midi est rythmée par des rendez-vous pour les bilans, les conseils et les mails professionnels. Il arrive parfois aussi que je participe à des réunions, au comité de direction ou encore à des ateliers. 

Personnellement, j’ai choisi de travailler dans un cabinet pour la diversité des missions. En entreprise, le travail est tout aussi intéressant, on entre en profondeur sur certains points. En cabinet, aucune journée ne se ressemble. Chaque client rencontre des enjeux différents. »

• Quels sont les avantages du métier de comptable ?

Sophie Marquier : « Contrairement aux idées-reçues, c’est un métier humain. Nous établissons une véritable relation avec les clients. Par ailleurs, ce métier de comptable nécessite des compétences pluridisciplinaires, en comptabilité mais aussi en finance, en droit des sociétés ou encore en management, qui doivent être mises à jour régulièrement. Le métier de comptable est très enrichissant. On en apprend chaque jour puisque chaque client à des problématiques très diverses.

Les perspectives d’évolution sont également intéressantes. Alors qu’avant, on débutait plutôt en tant qu’assistant dans un cabinet traditionnel, il est possible de devenir directement collaborateur comptable, comme c’est le cas chez Ça Compte Pour Moi. Avec quelques années d’expérience, d’autres postes peuvent s’ouvrir aux collaborateurs comme celui de chef de mission. 

Les rémunérations ont augmenté et sont plus attractives. En fait, le secteur de la comptabilité est en forte tension. Pour vous donner une idée du marché, en 5 ans, le salaire du comptable a évolué d’environ 34 % !

La comptabilité est un secteur passionnant, puisqu’on a la possibilité de faire de belles rencontres mais aussi d’accompagner des clients dans l’évolution de leur société. C’est très valorisant. »

• La comptabilité est-elle ouverte à tous les profils ?

Sophie Marquier : « Bien sûr ! Il faut arrêter de croire que seuls les matheux deviennent comptables. D’autres matières prennent le dessus, par exemple, il y a une grosse partie de droit. Les calculs comptables ne sont pas du tout des calculs complexes. Un profil scientifique n’est pas forcément requis pour se former. Pour moi, l’atout d’un étudiant qui sort d’un bac scientifique, c’est surtout sa méthode de travail, puisque ce cursus demande d’être régulier et exigeant avec soi-même.

Personnellement, j’ai choisi cette voie très naturellement. Ma mère aidait mon père et mon frère à tenir leur comptabilité. En fin de compte, j’ai opté pour cette carrière assez tôt, dès mes 16 ans. 

Mon choix s’est porté vers une voie professionnelle. Aujourd’hui, des dispositifs comme l’alternance permettent aux étudiants de lier la théorie à la pratique. C’est quasiment indispensable de se former en apprentissage ou en stage, puisque les cours suivis restent assez théoriques. »

• Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut se former au métier de comptable ?

Sophie Marquier : « En termes de qualités, il faut savoir s’adapter. C’est nécessaire de s’adapter à son client et à ses besoins. Il est impératif d’avoir beaucoup de recul sur son travail. En formation, on rentre beaucoup dans le détail, ce qui peut porter préjudice et faire perdre du temps. 

Pour se former, il faut avoir l’envie d’apprendre et d’aller jusqu’au bout des choses. Avec de la détermination, on peut tout faire. Dans mon cas, mon initiation à la comptabilité s’est faite dès le lycée. Entre le bac pro, le BTS et le DCG, il y a un monde. Mais quand on aime ce que l’on fait, c’est vraiment réalisable. 

Bien entendu, s’arrêter pour travailler et reprendre ses études demande plus d’efforts. De nombreux collaborateurs en cabinet, dont j’ai fait partie, continuent de préparer leurs épreuves pour passer le DCG ou le DSCG, tout en travaillant. Encore une fois, tout est une question de détermination. Il faut être prêt à sacrifier quelques week-ends et des soirées, mais avec de la rigueur et de la persévérance, c’est atteignable. 

En revanche, il n’y a pas vraiment une voie royale pour la comptabilité. Certaines personnes s’orientent vers une licence, puis un master, pour ensuite décrocher le DSCG. Mais le choix de la formation reste propre à chacun. »

À retenir de cette interview ?

En résumé sur la comptabilité

Loin des clichés d’un métier de bureau ennuyeux et tourné vers les chiffres, le métier de comptable se modernise et évolue. Aujourd’hui, le comptable joue plutôt un rôle de conseiller en gestion pour les entrepreneurs et les dirigeants. 

Les avancées technologiques permettent de digitaliser la profession, pour la rendre plus dynamique et attrayante. Dans la même idée, les conditions de travail ont évolué, notamment le salaire, les perspectives d’évolution professionnelle et la conciliation vie pro / vie privée.

Il n’y a pas une voie spécifique à suivre pour se former à la comptabilité, le plus important reste d’être déterminé, rigoureux et sérieux dans son projet professionnel et lors de ses études.

En quelques chiffres 

• 46 560 projets de recrutements dans la comptabilité sont prévus pour 2023 
• 56,2 % des recrutements dans la comptabilité sont jugés comme difficiles en 2023
• 130 000 collaborateurs comptables sont recensés par l’Ordre des experts comptables
• 30 % des experts-comptables sont des femmes 
• 77 % des cabinets d’expertise comptable ont recruté au moins un jeune en alternance

Qui est Sophie Marquier ? CV express ?

Sophie Marquier a entamé ses études de comptabilité dès ses 16 ans, avec un bac professionnel - Comptabilité. Elle poursuit sa formation avec un BTS - Comptabilité et gestion, avant d’obtenir son DCG en 2016, puis son DSCG deux ans plus tard. Ses études ne sont pas tout à fait terminées, puisque Sophie prépare le Diplôme d’Expert Comptable (DEC), en parallèle de sa vie professionnelle. 

Chef de mission chez Ça Compte Pour Moi, un cabinet d’expertise comptable en ligne pour lequel elle travaille depuis bientôt cinq ans, Sophie Marquier gère à la fois une équipe de collaborateurs comptables et un portefeuille-client personnel.

 

Merci à Sophie Marquier pour cet échange intéressant, reflétant sa passion pour la comptabilité et la richesse du métier de comptable !